Tecindustry Magazine « Nous pouvons peut-être révolutionner les emballages ! »

« Nous pouvons peut-être révolutionner les emballages ! »

Fort esprit d’innovation et grande passion : chaque année, environ 400 start-up voient le jour en Suisse. D’où viennent les idées ? Qu’est-ce qui leur donne leur envol ? Nous avons interrogé des fondatrices et fondateurs prometteurs de la branche tech. Épisode 1 : Des emballages réutilisables et modulables du style légo.

Matthew Reali, avec votre start-up, PONERA GROUP, vous voulez révolutionner le monde des emballages. Comment cette idée vous est-elle venue ?

Matthew Reali : Il existe en fait deux approches différentes de la manière dont une innovation peut se produire : on cherche une application appropriée pour une nouvelle technologie sur le marché. Ou alors, pour un problème concret, une solution technologique adaptée. Notre idée est née d’un problème.

Racontez.

J’étais employé chez Bühler à Uzwil, où je m’occupais également de la logistique. En rentrant chez moi, j’ai vu des emballages cassés et vieux s’empiler. Dans le monde entier, les emballages et les palettes de marchandises surdimensionnées comme les machines, les meubles ou l’art ne sont pas standardisés. Ils sont souvent en bois, sont fabriqués sur mesure et se dégradent rapidement. C’est pourquoi plus de 40% des emballages ne sont utilisés qu’une seule fois et sont donc gaspillés. Dans le monde entier, environ 30% du bois sont réutilisés pour l’emballage industriel. C’est là que j’ai vu qu’il y avait quelque chose à faire. Je me suis dit : nous pouvons peut-être non seulement améliorer les emballages, mais aussi les révolutionner !

Comment ?

PONERA construit des emballages qui peuvent être utilisés longtemps, et au besoin, assemblés dans plusieurs tailles. À l’image des briques Lego. Ce concept permet de mettre en place une économie circulaire. Les composants sont 100% en plastique recyclé et sont jusqu’à 60% plus légers que les emballages d’origine ; ils optimisent le taux de remplissage volumétrique des conteneurs pendant le transport et sont même équipés de capteurs grâce à la numérisation, ils sont donc intelligents.

Comment avez-vous testé votre idée ?   

J’ai toujours été convaincu de mon idée, vu que je connais bien la branche et les défis correspondants. De plus, mon idée est très simple. J’ai parlé à de nombreux professionnels et je leur ai présenté ma solution afin de savoir ce qu’ils en pensaient. Les réactions sur le concept ont été très positives. Mais il est également vrai qu’en matière d’innovation, certaines personnes ont tendance à réagir avec scepticisme et à critiquer. Il est alors important de ne pas se laisser déstabiliser et d’évaluer correctement les critiques.

Qu’est-ce qui a finalement fait décoller l’idée ? Quand avez-vous donné le coup d’envoi : « Maintenant, on le fait ! »

À partir du moment où j’ai eu cette idée, il ne s’est pas passé un jour sans que j’y pense. Le reste s’est fait naturellement, une chose après l’autre. J’ai fait des recherches approfondies, mené de nombreux entretiens et créé une équipe. Ensuite, nous avons développé un prototype et tout calculé. En 2019, nous avons créé l’entreprise. J’y travaille à plein temps depuis 2020.

Comment financez-vous votre idée ?

Nous avons réalisé les premiers petits investissements pour le développement avec des fonds propres et en levant des fonds au sein de mon réseau. Lorsqu’il a fallu passer à la production, il était important de trouver des partenaires industriels qui croyaient en l’idée. Nous fabriquons avec des moules à injection, c’est pourquoi des investissements plus importants ont été nécessaires pour la fabrication. Il était également important pour nous d’investir nos ressources dans nos compétences clés, en synergie avec nos partenaires qui se chargeaient de tout le reste.

La connaissance et la passion de l’industrie sont des éléments fondamentaux. En gardant les yeux ouverts, en remettant en question ce qui est donné et en identifiant les problèmes, les idées viennent d’elles-mêmes. Je n’ai jamais pris une feuille blanche pour chercher une idée de start-up.

Matthew Reali, cofondateur de PONERA GROUP

Que faut-il de plus qu’une idée et du capital ?

De la persévérance pour s’attaquer sans cesse à de nouveaux problèmes. Car il y en aura toujours. En fin de compte, l’innovation ne s’arrête jamais et doit être améliorée en permanence. L’idée est la base. Mais il faut aussi élaborer des modèles commerciaux, parallèlement à la technologie, au développement et aux besoins du marché. Pour cela, il est préférable de rester proche du marché et des clients et d’examiner attentivement ce qui est réellement souhaité.

Vous étiez un expert technique - vous êtes maintenant un entrepreneur. Est-ce que cela a été un grand changement pour vous ?

Non, toutes les expériences sont pour moi des pièces importantes et naturelles du puzzle de cette aventure. L’industrie et l’entreprise, surtout la logistique, sont toujours liées aux affaires. J’ai eu la chance d’avoir dans mon entourage de nombreux entrepreneurs et managers à qui j’ai pu poser de nombreuses questions. 

Comment notre branche peut-elle devenir encore plus favorable aux start-up ?

D’après mon expérience, le secteur est favorable aux start-up. Les entreprises et les professionnels suisses sont en principe ouverts à l’innovation. Ça fait probablement partie de notre ADN. En raison des coûts plus élevés que dans d’autres régions, nous devons être innovants si nous voulons rester compétitifs, notamment dans l’industrie manufacturière. Dans ce segment, la mise en œuvre des changements peut prendre plus de temps et nécessiter des investissements plus importants. Alors, qu’est-ce qui pourrait être mieux ? Dans le secteur de la logistique, les réglementations sont conçues pour des solutions anciennes qui ne peuvent pas toujours suivre le rythme des technologies modernes. C’est trop lent. Et : dans une économie fortement orientée vers la consommation, les solutions d’économie circulaire, qui devraient être « la norme », sont souvent traitées comme des processus exotiques. Ici, nous avons besoin d’un changement de mentalité.

J’ai toujours été convaincu de mon idée, vu que je connais bien la branche.

Matthew Reali, cofondateur de PONERA GROUP

Dans quelle mesure les entreprises établies dans notre branche sont-elles coopératives lorsqu’il s’agit de travailler avec des start-up ?

Une jeune entreprise comme la nôtre engagée dans le commerce B2B, dépend du soutien de partenaires industriels, tant pour le développement du produit que pour la partie financière. Nous avons eu la chance de connaître nos principaux partenaires commerciaux avant même de lancer un produit physique sur le marché. De plus, nous avons établi de solides relations avec de nombreux partenaires de développement et de production qui partagent nos idées. Sans ces coopérations, nous n’aurions jamais réussi. Les défis de la collaboration entre les petites et les grandes entreprises découlent typiquement du fait qu’elles n’ont pas les mêmes contraintes de temps ni la même perception de l’urgence. Pour les grandes entreprises, les projets en cours sont prioritaires. Pour les start-up, il est important de gérer ces risques pour elles-mêmes dès le début, surtout en ce qui concerne les liquidités.

Le referais-tu ?

(Rires) Je pense que oui ! En fait, je ne me suis jamais posé la question. J’apprends beaucoup et la passion est toujours là. Nous avons une bonne équipe et beaucoup de soutien de la part des personnes concernées, ce qui m’encourage et me motive.

Quels conseils donneriez-vous aux fondateurs de start-up ?

Chacun a son histoire et c’est pourquoi chaque nouveau fondateur d’entreprise doit trouver sa propre voie. Je peux recommander de commencer en travaillant pour une entreprise de premier plan qui vous intéresse fortement et d’apprendre de personnes avec beaucoup d’expériences. Celui qui est passionné aura presque automatiquement des idées. Pour ma part, je n’ai jamais pris une feuille blanche pour chercher une idée de start-up. Au final, il faut alors se concentrer sur ce qui nous distingue et sur les points où nos solutions sont uniques et fortes. Le réseau peut se charger de tout le reste.

Plus d'information de PONERA GROUP

Affiliation à Swissmem à prix réduit

Swissmem propose aux start-up de l’industrie tech une affiliation à prix réduit durant les 5 premières années après leur fondation. Les membres de Swissmem profitent entre autres d’une large palette de conseils et ont accès à un vaste réseau de clients et partenaires potentiels.

Pour de plus amples informations, veuillez contacter Monsieur Adam Gontarz : a.gontarznoSpam@swissmem.ch.

 

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Dernière mise à jour: 02.05.2023