«La technique m’a toujours fasciné. J’ai découvert le métier d’électronicien dans le cadre d’un projet réalisé en 10e année scolaire. Notre tâche consistait à développer une série de lumières qui s’allument les unes après les autres, de manière à donner l’impression que la lumière se déplace. J’avais pour tâche de structurer et d’équiper la platine. Cela m’a beaucoup plu et m’a finalement amené à postuler pour un apprentissage d’électronicien à l’EPF de Zurich.
Au cours des deux premières années d’apprentissage, j’ai appris les bases du métier avant de rejoindre un laboratoire de recherche à l’Institut de physique pour la phase d’approfondissement. J’y ai fait partie d’une équipe de chercheurs et j’ai ainsi acquis des connaissances qui dépassaient le cadre habituel des cours. Les chercheurs, en particulier Yves Acremann du groupe de recherche physique des solides, ont pris le temps de répondre à mes questions et ont apprécié mon intérêt et ma capacité à résoudre efficacement des problèmes techniques. Chacun a pu profiter de cet échange.
Le métier d’électronicien exige des compétences manuelles et analytiques. Souder n'est pas mon truc, contrairement à la programmation. J’aime aussi développer des nouvelles choses, détecter des problèmes et les résoudre. Dans la recherche, il y a toujours des situations qui sont compliquées et où il faut trouver des solutions qui n’existent peut-être pas encore. C’est alors que les chercheurs se demandent comment fabriquer eux-mêmes un appareil adéquat.
C’est justement dans ce contexte que m’est venue l’idée pour mon travail de fin d’apprentissage, le TPI. J’ai eu l’occasion de développer avec Yves un générateur de signal test pour un nouveau microscope électronique ; un appareil qui simule des données. Il est ainsi possible d’effectuer des tests importants pour déceler les erreurs dans le logiciel du microscope avant de commencer l’expérimentation.
Avec mon travail, j’ai fortement contribué à la recherche fondamentale. C’est pourquoi il a été publié dans un article scientifique du « Journal of Instrumentation », ce qui est plutôt inhabituel pour un travail de fin d’apprentissage. J’ai beaucoup apprécié à la fin de mon apprentissage de pouvoir me rendre à Hambourg avec Yves et d’assister à la connexion du générateur de signal test au microscope. Le fait de voir que mon travail fonctionne aussi dans la pratique a été un moment émouvant.»
De quoi est-il question ?
Jingo a développé un générateur de signal test pour un nouveau type de microscope, appelé « k-microscope », qui, une fois achevé, sera connecté au laser à électrons libres LCLS-II, un accélérateur de particules d’environ 3 kilomètres de long situé à Stanford aux États-Unis. Cette découverte permet aux chercheurs de résoudre un problème urgent : ils peuvent tester la fonctionnalité du microscope avant même de le connecter au laser à électrons.
Dans ce contexte, il faut savoir que les expérimentations sur de tels lasers à électrons sont très coûteuses. Après avoir déposé une demande, les chercheurs ne disposent que d’un créneaux horaire limité par année pour réaliser leurs expérimentations. Par conséquent et pour ne pas perdre de temps, ils veulent éviter de devoir corriger des erreurs dans l’infrastructure de mesure avant de pouvoir commencer les expérimentations. Et les erreurs sont inévitables : le laser à électrons génère de nombreuses données qui sont liées aux données de mesure des chercheurs, une situation qu’il faut éliminer avant de commencer l’expérimentation.
Grâce à l’appareil de Jingo, les chercheurs ont désormais la possibilité de simuler l’expérimentation. Ils peuvent ainsi programmer le logiciel du microscope à partir de leur bureau, avant même qu’il ne soit connecté au laser à électrons. Grâce à cela, ils économisent du temps et des ressources précieux.