Je peux faire bouger les choses. Un sentiment incroyable ! » Luca Schmidlin de l’Institut de recherche pour la nature et l’ingénierie du PSI (Institut Paul Scherrer) est fier. Derrière lui se trouve le prototype de la nouvelle installation Power-to-Gas d’AlphaSYNT qui y a été testée en détail. « Pour tous ceux qui vont encore arriver », ajoute Andreas Aeschimann tout content. En tant que père de trois enfants, c’est particulièrement important pour lui de préserver la création. Pour faire rapidement la différence, les deux partenaires ont fondé la start-up en 2020. Schmidlin avait déjà de l’expérience de l’IET Institut für Energietechnik à la haute école spécialisée OST en ayant participé à la construction et l’exploitation de la première installation de démonstration de Power-to-Methane en Suisse. Aeschimann, quant à lui, vient d’un bureau d’ingénieurs où il a travaillé sur des applications hautes températures et pour la recherche dans la combustion. Lors de la pause-café d’un séminaire, ils ont fait connaissance par hasard. Aujourd’hui, ils collaborent étroitement avec le PSI, qui cherchait des partenaires industriels pour la commercialisation de leur réacteur mis sur pied pendant des années. « Ce ne sont que d’heureux hasards qui ont conduit à la technologie commercialisable d’aujourd’hui », explique Schmidlin.
Catalyseur pour le tournant énergétique
Dans les installations d’épuration des eaux, de biogaz ou d’incinération des déchets, mais aussi dans le domaine du ciment : en théorie, la technologie pourrait être installée partout là où on trouve du CO2 et suffisamment de courant vert provenant du soleil, du vent ou de l’eau pour le processus chimique. Cette technologie permet de stocker de l’été à l’hiver l’excédent d’électricité photovoltaïque en la convertissant en méthane. De plus, ces installations sont neutres en CO2 grâce au réacteur Power-to-Gas : d’une part, parce que très peu de CO2 supplémentaire est émis et est converti en agent énergétique vert, soit « surcyclé ». D’autre part, parce que les infrastructures actuelles peuvent continuer à être exploitées avec le carburant nouvellement produit – les agents énergétiques fossiles sont simplement remplacés. De ce fait, les installations et les carburants AlphaSYNT peuvent aider là où il y a moins de moyens à disposition. « Dans les pays en voie de développement, c’est plus facile et plus avantageux de vendre du carburant renouvelable que de mettre d’autres moteurs ou systèmes sur le marché », déclare Schmidlin. « Peut-être que nous n’avons développé qu’une technologie de transition vers une nouvelle ère. Mais elle accélérera le tournant énergétique. » Un autre atout : la chaleur qui provient du processus chimique peut être utilisée, soit dans l’installation, soit dans le réseau de chaleur à distance.
Guerre en Ukraine
« Des études montrent de manière purement théorique que le potentiel de la biomasse permettrait de couvrir la consommation de gaz suisse actuelle. Et la technologie Power-to-Gas augmente encore ce potentiel. La question qui se pose maintenant est donc : avons-nous suffisamment d’électricité renouvelable abordable à utiliser dans ce but ? » Pour ce faire, il faudrait étendre activement les sources d’énergie renouvelables.
Mais que doit-il se passer pour faire avancer la technologie ? « La guerre en Ukraine a fait bouger beaucoup de choses. Nous réalisons que la sécurité d’approvisionnement n’est plus donnée et la disposition à investir s’accroît », affirme Schmidlin. De nombreux gestionnaires d’installations ne voulaient pas porter seul le risque de la nouvelle technologie. « Un financement de départ ou des conditions-cadres correspondantes de la Confédération seraient judicieux », pense Aeschimann. Le rendement n’est pas non plus toujours donné : « Les systèmes aux coûts d’électricité élevés sont chers. Il serait donc juste de les exempter de la taxe d’utilisation du réseau, car les installations Power-to-Gas, tout comme les centrales de pompage-turbinage, contribuent à stabiliser le réseau électrique. » Ce point fait actuellement l’objet d’une analyse. La recherche se poursuit. En novembre de cette année, AlphaSYNT lance, en collaboration avec le PSI et un consortium international, un projet soutenu par l’UE pour la construction d’une installation pilote au Portugal : du méthane liquéfié sera produit à partir d’un gazéificateur de biomasse fabriqué à partir de déchets majoritairement ligneux et servira de carburant pour le transport lourd. Du café au carburant, pas à pas vers le futur : pour avoir toujours plus d’impact.
Pour valoriser le CO2, AlphaSYNT exploite l’énergie du soleil, du vent et de l’eau. En utilisant des technologies Power-to-X, AlphaSYNT peut produire les Swiss SynFuels® de manière régionale et neutre en termes de CO2. Grâce à la technologie brevetée de lit fluidisé du PSI, les sources riches en CO2 et en CO peuvent être « valorisées » en SynFuels.